Le secteur du tourisme est "très impacté par l'ambiance générale macroéconomique, le pouvoir d'achat, le taux de change", a souligné vendredi sur RTL la ministre française du Tourisme française Nathalie Delattre.
Les acteurs constatent selon elle pour les ponts de mai "un léger fléchissement du tourisme américain : moins 3% sur les congrès et moins 4% sur le tourisme d'affaires".
"Mais nous compensons par d'autres tourismes, et notamment le Canada qui se détourne des Etats-Unis et qui arrive plus massivement en France et dans nos outre-mer", assure-t-elle.
La compagnie aérienne Air France-KLM a constaté pour sa part un "léger ralentissement" des ventes de billets sur ses liaisons entre l'Europe et les États-Unis.
"Les réservations de sièges +premium+ sont stables. A l'heure actuelle, nous n'observons pas de changement", a déclaré le directeur général Benjamin Smith à la télévision américaine CNBC.
En revanche, "nous constatons un léger ralentissement [des réservations] des sièges de classe économique, mais quand nous abaissons juste un peu les prix, les volumes reviennent tout de suite", a-t-il ajouté, précisant que cela concernait "aussi bien les ventes en Europe qu'en Amérique du Nord".
Du côté des hôteliers français, on note un ralentissement de la demande tant côté voyages d'affaires que loisirs, indique à l'AFP la présidente de la branche hôtellerie de l'Umih, principale organisation patronale du secteur, Véronique Siegel.
"Si nous n'avons pas encore mesuré spécifiquement le phénomène pour la clientèle américaine, nous constatons un clair ralentissement des prises de réservations lié à l'incertitude économique en général", indique-t-elle.
Le niveau de réservation des ponts de mai est en dessous des attentes même s'il peut y avoir des réservations de dernière minute, notamment liées à la météo, selon elle.
Effet report
Des perspectives corroborées par Christian Gaiser, à la tête du groupe d'appart'hôtels allemand Numa, qui compte une centaine d'établissements dans toute l'Europe : "on sent poindre chez les clients une certaine incertitude, ce qui n'est pas surprenant. Pour nous, les réservations sont au même niveau que l'an dernier et on s'attendait à mieux".
"Ca me rappelle un peu le début du Covid, quand tout était difficile à prévoir, en moins intense bien sûr mais ça demande beaucoup d'agilité", indique-t-il à l'AFP.
Ce dirigeant, dont la clientèle d'affaires représente 30% du chiffre d'affaires, souligne également que la hausse de l'euro pourrait avoir un "léger effet" sur la demande hors d'Europe tandis que "les Européens vont probablement choisir de voyager davantage en Europe".
Un effet report sur lequel misent aussi les hôteliers français : "on s'attend à ce que les Européens qui prévoyaient de visiter cet été les parcs américains, etc... changent leurs plans et décident de rester en Europe; le bassin méditerranéen devrait en bénéficier, on espère que le reste de la France pourra en profiter aussi", souligne Mme Siegel.
Selon les dernières données de l'Office du tourisme de Paris, les arrivées aériennes internationales prévues du 1er au 30 avril 2025 ont progressé de 16% par rapport à l'an dernier.
Et pour la zone "Amérique du nord", du 1er avril au 31 juillet, les réservations aériennes sont en hausse de 13%: pas de quoi tirer la sonnette d'alarme.
"Cette croissance est tirée en partie par la clientèle haut de gamme puisque les réservations en première et +business+ classes sont également en progression sur cette période de 13%", note l'Office de tourisme dans son baromètre mensuel.
Un pic de réservations aériennes internationales est notamment observé les 18, 19 et 21 juin, correspondant aux veilles de dates de concert de la chanteuse Beyoncé au stade de France (19,21, 22 juin), avec des hausses comprises entre 23 et 45%.
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