À la tête de son restaurant de la Monnaie de Paris, sur les quais de Seine, il domine le classement pour la neuvième année consécutive, malgré la perte de sa troisième étoile Michelin en 2023.
"Je suis un peu désolé pour les autres", glisse Philippe Faure, président et fondateur de La Liste, qui compare volontiers la haute gastronomie au tennis: pendant huit ou dix ans, cela ne se joue qu'entre quelques restaurateurs, les Nadal, Federer ou Djokovic des fourneaux.
Créée en 2015, La Liste se veut le "classement des classements", répertoriant 1.000 restaurants dans le monde et suivant 38.000 établissements grâce à un algorithme qui compile plus de 1.100 sources (guides, blogs, presse).
Avec la note de 99,5 sur 100, l'établissement de Guy Savoy partage la première place avec Cheval Blanc by Peter Knogl (Suisse), Le Bernardin (États-Unis), Schwarzwaldstube (Allemagne), SingleThread (États-Unis), Lung King Heen (Hong Kong) et Matsukawa (Japon).
Trois nouveaux venus accèdent au sommet: Da Vittorio (Italie), Robuchon au Dôme (Macao) et Martin Berasategui (Espagne).
Si le Japon domine le top 1.000, la France survole le top 100.
La Liste a attribué son prix spécial de la "rayonnance gastronomique" à Daniel Boulud, chef français installé aux États-Unis depuis plus de 40 ans.
"Je n'avais jamais eu un prix qui me félicite sur le travail que j'ai fait pour la cuisine française à l'étranger", s'est réjoui le septuagénaire, à la tête notamment du restaurant étoilé Daniel à New York.
Le Français Romain Meder décroche le prix de l'ouverture de l'année avec Prévelle (Paris), tandis que l'Américaine Cybèle Idelot est récompensée pour la responsabilité éthique et environnementale avec Ruche (Yvelines).
Ce dixième anniversaire est aussi l'occasion pour La Liste d'établir un bilan des tendances gastronomiques. Le constat est sévère: en dix ans, 16% des restaurants distingués d'une étoile ou d'une toque ont fermé.
"La haute cuisine vit aujourd'hui entre le luxe et la faillite", souligne M. Faure.
Le secteur a, par ailleurs, vu reculer le faste au profit d'une atmosphère plus décontractée, tandis que la cuisine "instagrammable" gagne du terrain, parfois au détriment des plats traditionnels. En réaction, une autre vague s'est affirmée, celle d'un retour au terroir et à l'ultralocal.