Le cuisinier de 33 ans, originaire de la région de Naples, a rendez-vous en cet après-midi de juillet avec Nicolas Reversé, son conseiller SG, la nouvelle marque issue de la fusion entre Société Générale et Crédit du Nord.
L'échange a lieu dans la salle du restaurant, entre deux services et sous l'oeil de Sophia Loren, star du film italien qui a donné son nom à l'établissement et dont une affiche trône en bonne place sur un des murs.
Après avoir fait le tour du propriétaire, M. Reversé sort un contrat d'épargne salariale demandé quelques semaines plus tôt par M. Colamarino pour une employée.
Ce dispositif à destination des salariés est cher au restaurateur: argument de poids pour la fidélité du personnel dans un secteur où le marché de l'emploi est tendu, il lui avait permis de disposer d'un petit pécule après plusieurs années passées comme employé dans un autre restaurant nantais.
C'est cette mise de départ et une ligne de crédit de 80.000 euros, déjà auprès de la Société Générale, qui lui permet en 2021 de financer le fonds de commerce de ce qui deviendra L'Oro di Napoli, jusque-là une crêperie.
"C'était un moment un peu compliqué parce qu'on venait de sortir de la crise du Covid", se souvient le chef d'entreprise. Entre deux confinements "on a dû convaincre les banques que c'était un projet faisable".
Objectif cinq étoiles
Bon commercial, le conseiller profite du rendez-vous pour présenter un nouvel outil de gestion financière en ligne, baptisé Vizup: il s'agit de la dernière arme de SG pour séduire la clientèle des "pros".
Dans Nantes et sa région, et malgré les quelque 3.700 suppressions de postes au niveau national, SG est "en conquête": la banque se démène pour rattraper ses concurrents mutualistes, devant elle en termes de part de marché entreprises.
Elle a pour ce faire segmenté sa clientèle: d'un côté les professions libérales, aux besoins proches d'une clientèle patrimoniale voire "banque privée", de l'autre les TPE et PME, répartis par taille. A l'étage de l'agence de la place Royale de Nantes, à laquelle M. Reversé est rattaché, un grand espace leur est consacré.
La bataille entre établissements se joue aussi dans les notes données par les clients sur Google, de une à cinq étoiles selon le niveau de satisfaction. Cette évaluation publique est d'autant plus importante pour les prospects commerçants, qui y sont attentifs de par leur propre activité.
"On a déjà pris 0,5 point depuis le début de l'année, donc on continue d'aller chercher les avis des clients satisfaits, c'est valorisant pour tout le monde", souligne en réunion hebdomadaire, devant l'équipe, la directrice de l'agence Claire Bertrand-Demanes.
Un client satisfait "est susceptible de nous recommander (...) c'est hyper important pour nous dans un objectif de conquête", abonde M. Reversé.
Cohabitation
A partir d'une certaine taille d'entreprise, la bataille entre banques se mue parfois en cohabitation, les sociétés ayant souvent des comptes ouverts dans plusieurs établissements.
C'est le cas par exemple d'Alfa Safety, entreprise d'une trentaine de salariés spécialisée dans l'hébergement et l'infogérance d'applications web, qui approchera cette année les 3 millions d'euros de chiffre d'affaires. La grande majorité des opérations se fait avec SG, le reste avec la Banque populaire.
"On se dit toujours que c'est bien d'avoir un deuxième compte ouvert si un jour il y a quoi que ce soit", souligne le président de la société, Christophe Le Jeune, mais "c'est plus une sécurité qu'un besoin réel".
La "multibancarisation" est aussi un argument commercial pratique pour les banques lorsqu'elles démarchent de futurs clients. Il est plus confortable pour elles de "partager le risque", notamment pour un crédit au montant important, explique le chargé d'affaires TPE de SG, Jean-Charles Bonnanfant.
Cela permet d'être plus réactif et efficace, ajoute-t-il. Et pourquoi pas d'obtenir un nouveau commentaire cinq étoiles sur Google.
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