La belle vitrine des JO 2024 n'a pas engendré de raz-de-marée touristique

Cinq milliards de téléspectateurs devant un Paris de carte postale: un an après, l'impact des JO 2024 sur la fréquentation touristique française reste difficilement mesurable, mais le nombre de visiteurs n'a pas explosé.

Compétitions à Montmartre, au château de Versailles, au Grand Palais, cérémonie d'ouverture sur la Seine, vasque... les Jeux olympiques ont offert une campagne promotionnelle de rêve pour la capitale "et ont donné envie au monde entier, notamment à des personnes qui n'étaient jamais venues en France", résume Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme.

"Il y a bien sûr un effet JO, mais il ne faut pas non plus surévaluer cet impact, il n'y a pas une explosion des taux d'occupation, depuis le début de l'année on est à +2%", résume l'expert à l'AFP, préférant parler d'"un niveau normal, avec une toute petite progression".

Pour l'Alliance France Tourisme - qui rassemble de gros acteurs comme Accor, ADP, SNCF, GL Events, Pierre et Vacances/Center Parcs, Disneyland Paris ou encore la Compagnie des Alpes - "l'été s'annonce globalement bon pour le tourisme, toutefois, l'impact spécifique des Jeux olympiques reste complexe à mesurer", souligne sa secrétaire générale Leslie Rival.

Elle indique que Paris "accueille en moyenne 15 millions de visiteurs par an: ils étaient environ aussi nombreux l'an dernier et le seront sans doute cette année. Mais derrière cette stabilité apparente, il est très difficile d'identifier la part des visiteurs venus pour les Jeux, ceux qui avaient reporté leur séjour (l'an dernier), ou ceux dont la venue n'a aucun lien avec l'événement. Les touristes ne déclarent pas leurs motivations à leur arrivée".

La saison estivale 2024 s'était terminée en demi-teinte pour les professionnels du tourisme, "de nombreux visiteurs internationaux habituels ayant évité Paris, remplacés par une clientèle venue spécifiquement pour les épreuves sportives", relève Atout France, l'agence qui promet le tourisme français à l'étranger.

"Il manque une stratégie"

Fin mai, la ministre du Tourisme Nathalie Delattre a mis en avant la hausse de 8% des arrivées aériennes internationales au premier trimestre, parlant d'un "élan post-Jeux olympiques et paralympiques".

Sur cette même période, l'Insee fait pour sa part état d'un recul de 1,5% de la fréquentation dans les hébergements collectifs touristiques hors campings (hôtels, résidences...) par rapport au premier trimestre 2024.

En raison de réservations qui se font de plus en plus à la dernière minute, il reste difficile de prédire les niveaux de fréquentation pour juillet et août, à Paris et ailleurs en France, mais la réinstallation de la vasque olympique au jardin des Tuileries ou encore le passage du Tour de France à Montmartre sur les lieux de l'épreuve cycliste olympique pourrait attirer des visiteurs supplémentaires.

Au-delà du "moment de rayonnement" qu'ont représenté ces Jeux de Paris, Leslie Rival estime toutefois qu'"il manque encore une stratégie industrielle du tourisme, avec des objectifs clairs en matière de parts de marché, d'investissements et de panier moyen".

La secrétaire générale d'Alliance France Tourisme met en avant l'exemple de Londres, qui après les JO de 2012 "avait su enclencher ce tournant et repositionner durablement son offre touristique" - via une montée en gamme, notamment de son parc hôtelier - "la France doit, elle aussi, s'en saisir pleinement", selon elle.

Du côté du secteur aérien, le président de la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (Fnam), Pascal de Izaguirre, déplore le fait que cet été, en France, le marché aérien sera "le seul en diminution" en Europe, la faute selon lui à l'alourdissement de la taxation du secteur dans le budget 2025, qui a des effets sur le prix des billets et l'attractivité par rapport à d'autres destinations.

"La France s'isole dans cette orientation fiscale de l'aérien. Et c'est regrettable, parce qu'on aurait pu espérer un impact post-Jeux olympiques de 2024 beaucoup plus important. Quand vous regardez la cartographie de l'offre aérienne à l'été 2025, tous les marchés sont en progression en Europe, sauf la France. Ce qui n'est pas cohérent avec tous les efforts que nous avons fait pour promouvoir la destination France", avait-il regretté lors d'un point presse le 10 juin.

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