"L'impact est clair: après l'annonce de la dissolution (de l'Assemblée nationale), on a enregistré plus d'annulations que de réservations. Il y a un arrêt net au 9 juillet dans toute la France avec un climat d'incertitude qui n'est pas propice aux déplacements personnels et professionnels", témoigne auprès de l'AFP Véronique Siegel, présidente de la branche hôtellerie du premier organisme patronal du secteur, l'Umih.
A Paris, hors JO, "l'été est très, très calme. On se rend compte qu'il y a un phénomène d'éviction qui dure presque jusqu'à mi-septembre, la clientèle habituelle fuyant les éventuels problèmes de transport, la foule...", estime-t-elle.
"Il y a beaucoup d'attentisme sur juillet", confirme Karim Soleilhavoup, directeur général du groupe Logis Hôtels qui compte plus de 2.000 établissements en France, estimant que cela procède à la fois "de la météo, de l'impact incertain des JO et plus récemment des élections".
"On espère que tout va se débloquer après les élections. Il est évident que ce qui va sortir des urnes va avoir un impact sur la clientèle de juillet", prolonge-t-il.
Dans son groupe, la première semaine de juillet a démarré très fort, avec une hausse de chiffre d'affaires de 18% d'une année à l'autre: "Les gens ont réservé plus tôt cette année et ceux qui avaient réservé pour cette semaine-là n'ont pas annulée, ils font des procurations. Mais tous ceux qui ne s'étaient pas encore décidés ne réservent pas."
En revanche, il constate une nette hausse de la clientèle internationale pour les JO : "Hollandais, Allemands, Britanniques... ce qu'on constate c'est qu'ils viennent pour les épreuves puis finissent leur séjour à deux heures de Paris ou des villes hôtes", indique-t-il, précisant que "la montagne est plébiscitée".
Promos
A Paris, les hôtels commencent à faire le plein pendant les Jeux, du 26 juillet au 11 août : "On est satisfaits de la belle montée en charge des JO avec un taux d'occupation de 79% sur la première semaine et de 72% après", indique Véronique Siegel, même si "les semaines qui précèdent sont très en deçà de ce qu'on fait habituellement".
Parallèlement, les prix continuent de se tasser selon l'Office du tourisme de Paris : en région parisienne, une nuit d'hôtel pour la période des Jeux coûtait en moyenne 342 euros en juin, contre 381 euros en mai.
"Il y a un an, on était sûrs d'être complet, et (finalement) pas du tout... On est un peu déçus, mais on essaie d'être enthousiastes", relate Julie Marang, qui dirige avec sa soeur le groupe Paristory, à la tête de deux cinq-étoiles, le Grand Powers et le Grand Hôtel du Palais Royal, tous deux complets, mais dont les deux autres établissements moins haut de gamme (le Plaza Tour Eiffel, quatre étoiles, et Le Prince de Conti, trois étoiles) ne sont qu'à 50%.
"On espère avoir du +last minute+", glisse la dirigeante qui a prévu "plein de +goodies+ et de cadeaux pour les clients à l'occasion des Jeux".
De l'autre côté du périphérique, à Pantin, Plezza Dadja, le directeur de l'hôtel Ibis Budget, s'apprête à dresser un podium dans la réception avec des animations de remises de médaille et les employés de l'hôtel sont désormais habillés aux couleurs de Paris 2024.
Le groupe Accor, partenaire premium de l'organisation des Jeux, prévoit des animations en lien avec l'événement dans ses hôtels (650 dans les dix villes de compétitions) et s'attend à des taux d'occupation entre 80 et 90% pour la période, contre 75% aujourd'hui pour Paris et sa région.
"On s'est beaucoup projeté mais les réservations ne sont pas au rendez-vous", regrette Plezza Dadja, qui attend que "Paris se remplisse pour récupérer des clients". Il compte aussi sur la dernière minute. "On pense que les gens attendent les promos", dit-il.
Parce que son hôtel est affilié au groupe Accor, il aura un taux d'occupation de 70% garanti, grâce au contrat passé avec l'organisation des Jeux. Sans ça, "nous n'aurions pas atteint 70%", admet-il.
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