Ce fleuron de la pâtisserie de luxe fondé en 1682 à Versailles, à qui l'on doit notamment la création de l'opéra, célèbre gâteau au café et au chocolat, a été mis en difficulté par la crise du Covid. Fin 2020, il avait été placé en procédure de sauvegarde.
Mais le groupe, qui employait début août 133 salariés pour un chiffre d'affaires annuel de 8,4 millions d'euros, n'a pas réussi à remonter la pente et s'est retrouvé début août en redressement judiciaire, assorti d'une période d'observation de six mois, selon la décision du tribunal datée du 1er août et consultée par l'AFP.
Jeudi, le tribunal doit statuer sur le maintien de cette période d'observation.
Les repreneurs potentiels avaient jusqu'au 12 septembre pour déposer leurs offres. Sept dossiers ont été reçus par le tribunal de commerce.
Parmi eux, le traiteur Potel et Chabot, qui appartient au groupe hôtelier Accor, fait valoir dans son offre de reprise une "histoire et un ADN centré sur le luxe très similaires à ceux de Dalloyau".
Potel et Chabot vise la reprise de 50 postes et de l'activité de production du laboratoire de Sèvres ainsi que la création d'une nouvelle offre grand public de pâtisserie de luxe via un "flagship" (boutique emblématique) à Paris, déployée ensuite en franchise.
Potel et Chabot présente une offre à 100.000 euros mais évalue le coût total de la reprise (avec les investissements et le paiement des dettes) à 8,5 millions d'euros.
Faubourg Saint-Honoré
Egalement en lice, le groupe de restauration collective Elior propose lui de reprendre tous les salariés (127 aujourd'hui) et toutes les activités pour un prix d'1,1 million d'euros avec une enveloppe d'1 million supplémentaire pour moderniser le laboratoire et les boutiques.
Elior souligne sa présence sur le marché du luxe, à l'étranger mais aussi en France où il exploite des établissements de prestige tels que La Maison de l'Amérique latine et le Ciel de Paris (restaurant panoramique du dernier étage de la Tour Montparnasse).
Le groupe rappelle qu'il a noué un partenariat capitalistique, commercial et opérationnel avec le groupe d'Alain Ducasse, dont il détient 11,5% du capital.
Il ajouterait avec Dalloyau une nouvelle corde à son arc dans le haut de gamme, à l'instar de son concurrent Sodexo, propriétaire du traiteur Lenôtre.
Autre offre, celle de Bertrand Hospitality, filiale du groupe Bertrand à la tête notamment des salons de thé Angelina ou de brasseries parisiennes comme La Coupole ou Bofinger. Ce groupe veut reprendre les activités de ventes en boutiques et de restauration de Dalloyau mais pas celles de traiteur ni le laboratoire de production.
Le groupe Bertrand propose la reprise de 20 salariés et un prix de 50.000 euros.
Dalloyau dispose en France de boutiques à Paris, notamment sur le très chic faubourg Saint-Honoré, et à Marseille, ainsi que de "corners" dans des gares, centres commerciaux ou aux Galeries Lafayette. Il compte aussi des magasins au Japon, en Chine et au Qatar.
Mais plus de la moitié de son chiffre d'affaires vient de son activité de traiteur pour les entreprises.
Les autres offres de reprise, moins-disantes, émanent du chocolatier suisse Läderach, d'un duo d'entrepreneurs (Anthony Dupont et Sophia Lo Presti), de la société bretonne Demeter et du traiteur The Taste Club.
Dalloyau, longtemps détenu par la famille fondatrice Gavillon-Bernardé, avait ouvert son capital au fonds Perceva en 2010, avant un retrait total cinq ans plus tard.
En 2017, le groupe réalisait encore 70 millions de chiffre d'affaires, tombé à 17,4 millions d'euros en 2020 puis à 6,4 millions en 2021, dans un marché de plus en plus concurrentiel.
Il y a quelques mois, l'épicier et traiteur de luxe Fauchon, propriété de la famille Ducros depuis 2004 et également mis en difficulté par le Covid, a été racheté par la biscuiterie bretonne Galapagos.
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